La nature à hauteur d’enfants : un accès « sous condition de ressources » !
27 NOVEMBRE 2025

« Les représentations de la nature sont moins canoniques dans les dessins des enfants des classes populaires. Les garçons mettent régulièrement en scène des animaux féroces…«

« Les dessins de la nature des enfants des classes supérieures représentent souvent des paysages idylliques ou exotiques et une grande diversité d’éléments naturels…«
“Dans nombre d’essais pédagogiques, les enfants font figure de « petits naturalistes en herbe », observateurs et curieux, sorte d’intellectuels en puissance qu’il suffirait d’orienter vers les choses naturelles pour alimenter leur « soif d’apprendre ».”
Julien Vitores, agrégé de sciences économiques et sociales, est sociologue. Il enseigne à l’université Sorbonne-Paris-Nord. Ses travaux portent sur la socialisation des enfants, les inégalités d’apprentissages et la construction sociale du rapport à la nature.
Il publie aux éditions La découverte, une passionnante enquête, La nature à hauteur d’enfants, Socialisations écologiques et genèse des inégalités
Quel regard les enfants portent-ils sur la nature, celui d’abord, peut-être de leurs parents, de la position sociale de ces derniers, mais aussi des valeurs qui lui attribuent : beauté, découverte, effort…
“[…] la nature apparemment offerte est en réalité culturalisée, c’est-à-dire appréhendée au prisme d’un capital culturel, mobilisé et transmis dès le plus jeune âge”
L’accès à ces richesses naturelles est-il fonction de cette distinction sociale faite de capital financier et/ou culturel ? “L’appropriation éducative de la nature, y compris sous ses formes les plus simples et gratuites en apparence, repose … sur la mise en œuvre -et la transmission- d’un capital culturel parental.”
Ce capital est-il conforté par l’institution scolaire, mais aussi partagé par le brassage des différences sociales ? Enfin la question écologique oblige-t-elle à repenser les appropriations de la nature par les enfants ?
« Au-delà de cette affinité élective entre la forme scolaire et les injonctions environnementales, l’institution scolaire porte une ambition concrète de réforme écologique des mœurs. L’éducation « écocitoyenne » s’appuie avant tout sur la responsabilisation individuelle des enfants, réduisant parfois l’écologie à une morale des petits gestes, au risque de dépolitiser les enjeux environnementaux« .
Dans La nature à hauteur d’enfants, le sociologue Julien Vitores explore toutes les strates de la « genèse des inégalités » qui structurent l’accès des enfants à la nature, et en modèlent leurs représentations !
Terrain Social, avec Julien Vitores, prend de la hauteur (celle des enfants) afin de considérer leur regard sur la nature !
Entretien par Hugues Chevarin
