« Les Femmes ne meurent pas par hasard »

Alors qu’une femme sur deux subit une violence sexuelle au cours de sa vie, seulement 1 % des plaintes aboutissent à une condamnation, et 80 % sont classées sans suite. En avril dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour discrimination, traitements dégradants et atteinte à la vie privée, après le jugements des procès pour viol de trois adolescentes. Sept ans après #MeToo, pourquoi la justice française reste-t-elle à ce point gangrenée par le sexisme ?

Alors que l’Espagne votait, il y a plus de vingt ans et à l’unanimité, la loi de protection intégrale contre les violences de genre qui a permis la création de tribunaux spécialisés dans violences conjugales, la France s’est vu condamnée en avril par la Cour européenne des droits de l’homme pour ses propres défaillances. Cette condamnation fait suite à l’appel de trois jeunes femmes, adolescentes au moment des faits, qui contestaient les décisions rendues par la justice française après leurs plaintes pour viol.

Anne Bouillon, avocate engagée pour la cause des femmes victimes de violences conjugales, de harcèlement et d’agressions sexuelles a choisi d’aborder ces sujets par le prisme du dessin. C’est sa co-autrice, Charlotte Rotman, qui lui suggère l’idée alors qu’elle travaille sur son essai « Affaires de femmes : Une vie à plaider pour elles ». Pour sa collègue journaliste, ce format permettrait à « un public qui n’a pas l’habitude de lire des essais, et qui pour autant aurait un intérêt à entendre parler de féminisme, de suivre le parcours d’une avocate »

En alliant ainsi leurs idées naît la bande dessinée « Les femmes ne meurent pas par hasard » qui commencent par ces paroles d’Anne « J’ai renoncé à défendre les hommes« . Au fil des pages, entre scènes d’audience et récits intimes, des paroles outrancières jusqu’au féminicide, les autrices peignent sans détours les violences que subissent les femmes.

Interview de Thaïs Granger

Montage et article de Juliette Ducornetz