Palestine, une reconnaissance obsolète ?
24 SEPTEMBRE 2025
Reconnaître la Palestine ne suffit plus. Pour l’historienne Sandrine Mansour, la France a raté le moment décisif dans les années 1990. Elle pourrait aujourd’hui agir concrètement, en usant des leviers économiques et juridiques à sa disposition.
« Reconnaître quoi, d’abord ? » s’interroge Sandrine Mansour, spécialiste de l’histoire de la Palestine. Pour elle, la question ne se résume plus à une déclaration diplomatique, ce geste aurait eu du poids au moment des accords d’Oslo, entre 1991 et 1993. Mais au moment des dynamiques de paix amorcées, « la France s’est finalement ralliée à la politique américaine et a cessé d’avoir un rôle important » déplore l’historienne.

Pourtant, la France a longtemps joué un rôle central. Elle fut la première en Europe à reconnaître un bureau de la Palestine, « une sorte d’ambassade » , et accueillait Yasser Arafat, président de l’Autorité Palestinienne, en 1989 sous la présidence de François Mitterrand. Depuis les différents gouvernements ont tour à tour promis une reconnaissance sans jamais franchir le pas.
Sandrine Mansour rappelle que d’autres leviers existent, Israël dépendant largement de ses relations économiques avec l’Union européenne. Or, les accords d’association signés en 1995 comportent des clauses sur le respect des droits humains. La France pourrait, à l’instar de l’Espagne, faire pression sur ses partenaires pour conditionner ces accords au respect du droit international.
La reconnaissance de l’Etat de Palestine, pour être efficace, doit donc s’accompagner de moyens contraignants capables d’influencer la politique israélienne.
Juliette Ducornetz