Rentrée scolaire : l’éducation, un droit pour tous ?
08 SEPTEMBRE 2025
Cette année encore, des centaines d’enfants n’ont pas fait leur rentrée lundi dernier. Pour eux, pas de retrouvailles, de partage de souvenirs de vacances, ni même d’enseignement. Ils sont en situation de handicap et ont besoin d’un ou une AESH (Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap) pour les soutenir dans leur scolarité. Or, la France en manque, cruellement. Ils restent donc à la maison.

1 AESH pour 8 enfants
Aujourd’hui les AESH travaillent sur les temps scolaires (24h à 26h hebdomadaires) et touchent environ 900€ par mois. Un faible revenu et des horaires qui empêchent bien souvent le cumul des emplois. A cela s’ajoute le manque de temps de formation, de reconnaissance. Résultat : ils sont un peu plus nombreux chaque année à changer de voie professionnelle.
Ceux qui restent font alors face à un besoin, qui lui ne faiblit pas : dans certains territoires un.e AESH prend en charge huit enfants, estime l’association « Handi Cap’ vers le droit à l’école« . Et les 2000 embauches promises par l’ancienne porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, l’an dernier, n’y changeront pas grand chose.
Des conséquences dévastatrices
Le nombre d’heures, que passent ces enfants en situation de handicap à l’école, dépend donc du temps qu’un.e AESH peut leur consacrer. Quelques heures par jour, voire dans le pire des cas, seulement une demi-journée par semaine.
Isolement, décrochage, phobie scolaire, les conséquences sont nombreuses pour les jeunes concernés. Et leur famille. Au sein de l’association « Handi Cap’ vers le droit à l’école » on ne compte plus le nombre de parents qui ont dû quitter leur emploi pour s’occuper à plein de temps de leur enfant que l’école ne peut prendre en charge. Précarité financière, épuisement, solitude, là encore les répercussions ne manquent pas.
L’école inclusive existe-elle vraiment ?
« L’éducation n’est pas un privilège, c’est un droit acquis à la naissance. » martelait, Ban Ki-Moon, ancien secrétaire général des Nations Unies, au forum mondial de l’éducation de 2015.
Pourtant, 10 ans plus tard, en France, des enfants qui devraient pouvoir être scolarisés sont renvoyés (illégalement) chez eux. D’autres bénéficient d’un enseignement sporadique, faute de moyens humains et financiers permettant un accompagnement digne.
Nous sommes en 2025. Il est insupportable que l’avenir d’un enfant dépende d’un budget. Ce n’est pas à l’enfant de s’adapter à l’école. C’est à l’école de s’ouvrir à lui.
Eleonor Périse, fondatrice de Handi Cap’ vers le droit à l’école
Aujourd’hui parents comme AESH souhaitent rencontrer élus locaux et parlementaires pour trouver une solution viable. Ils demandent à ce qu’enfin tous les enfants puissent faire leur rentrée, à l’école pour certains, en IME (Institut Médico-Éducatif) pour d’autres. Des structures spécialisées qui, elles aussi, se sentent abandonnées par les pouvoirs publics. Le délai d’attente pour y obtenir une place est désormais de sept ans.
En 2023, lorsque Servane Hugues, alors députée Renaissance de l’Isère, avait questionné la ministre déléguée auprès du ministre des solidarités au sujet d’éventuels plan visant à améliorer la situation. Elle avait annoncé « Des moyens importants prévus (appui médico-social et moyens pour Éducation nationale) et une montée en charge (programmation progressive dès 2024 jusqu’en 2027 ». Deux ans plus tard, le délai d’attente reste inchangé.
Violaine Rey