Comment fonctionnent les néonicotinoïdes ?
30 SEPTEMBRE 2025

En 1991, l’entreprise Bayer, commercialise le « Gaucho ». C’est l’un des premiers néonicotinoïdes mis sur le marché : une famille d’insecticides agissant sur le système nerveux central des insectes. Par la suite, d’autres néonicotinoïdes sont autorisés.
Seulement 3 ans après sa mise en vente, on observe l’apparition des premières mortalités inexpliquées d’abeilles dans le Sud-ouest. L’UNAF (Union National des Apiculteurs Français) commence à surveiller de très près ses effets et interpelle les autorités sanitaires et agricoles, tout en soutenant les études scientifiques.
En 1999, les premières interdictions sont décrétées, jusqu’à l’interdiction totale des néonicotinoïdes en 2018.
En 2020, le gouvernement autorise, à nouveau, par dérogation, l’usage de l’acétamipride sur les semis de betteraves sucrières. Différentes ONG s’opposent vigoureusement à cette décision, participent aux auditions parlementaires et soutiennent un recours devant le Conseil d’État. En 2023, c’est une victoire juridique contre la ré-autorisation des néonicotinoïdes.
Mais l’histoire n’est pas finie. Comme nous avons pu le voir en 2025 avec la loi Duplomb, à l’avenir, les néonicotinoïdes peuvent être ré-autorisés. Une décision qui ne serait pas sans conséquence : aujourd’hui 80% à 90% des néonicotinoïdes utilisés par l’agriculture restent dans notre environnement.

Il y a une forte contamination des sols et qui est durable, jusqu’à 5 à 30 ans selon les molécules. En restant dans le sol, ces produits sont lessivés par les pluies. Et oui, ils sont solubles parce qu’ils doivent être transportés à l’intérieur de la plante. […] En fait, quand on traite une parcelle, et bien, on en trouve partout, autour jusqu’à 10 km. Donc le problème pour l’environnement, c’est une pollution généralisée qui va être durable.
Jean-Marc Bonmatin
Mais connaissons-nous vraiment le fonctionnement de ces substances et les dangers qu’elles représentent pour la biodiversité et les humains ?
Pour répondre à ces questions, nous recevons Jean-Marc Bonmatin, docteur en chimie physique et chercheur au CNRS d’Orléans. Il travaille sur les pesticides depuis une vingtaine d’années avec une approche pluridisciplinaire.
Interview par Marie Guinard
Les néonicotinoïdes (ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)