« Mal entendus », comment renouer le dialogue entre médias et citoyens ?

Dans son essai “Mal Entendus” chez Payot, Nina Fasciaux défend une vision du journalisme comme un «métier du lien», capable de retisser du dialogue dans un monde de plus en plus polarisé. Rencontre au micro de Juliette Ducornetz.

À l’origine de son essai Mal Entendus, un choc : l’élection de Donald Trump en 2017. Comment les médias ont-ils pu passer à côté d’un tel bouleversement ? Quelle part de responsabilité portent-ils dans la polarisation du débat public ?

Spécialiste du journalisme de solutions, Nina Fasciaux propose d’explorer les causes profondes de cette fracture. À travers six grandes familles — des « militants désabusés » aux « identitaires », en passant par les « laissés pour compte » — elle décrit une « crise de l’écoute » : celle d’une population qui ne se sent plus représentée, ni entendue.

Face à la montée des votes extrémistes, elle n’y voit pas seulement une adhésion idéologique, mais surtout un cri de détresse face à un système médiatique qui informe sans entendre, qui diffuse sans écouter, et où le citoyen lui même se noie dans une « infobésité ».

« On scroll toute la journée sur nos téléphones, l’info arrive tellement en masse que notre cerveau n’est pas équipé pour la trier et la gérer. » alerte-t-elle.

Et si le journalisme pouvait être un métier du soin ? Pour l’essayiste, écouter n’est pas une qualité innée mais une compétence à cultiver. Elle milite pour une formation des journalistes à l’écoute active, à la réception de la parole de l’autre. Non pas pour effacer les conflits, mais pour recréer un espace de dialogue.

Juliette Ducornetz