Mourir en toute sécurité (sociale) !
24 AVRIL 2025
Est-il possible de sécuriser socialement la fin de la vie, et l’après, à l’exemple d’autres moments -la naissance, la maternité, la retraite- ou d’autres domaines -la maladie, les accidents du travail, ou à venir celle de l’alimentation, à laquelle les auteurs se réfèrent ? Ne serait-ce pas l’ultime conquête de notre commune humanité ? Si fait, une sécurité sociale de la mort peut donc voir le jour ! Qu’en est-il d’un service public de la mort pour faire face au “papy crash” ? Ou encore de la mise en place d’une véritable démocratie de la mort, tout en collégialité ?

“Pour la même perte, les inégalités sociales nous scindent en deux : entre celles et ceux qui auront la possibilité d’un deuil introspectif dans une retraite loin du monde, et les autres pour qui la réalité de l’après-obsèques sera l’enfer de la reprise du travail abrupte mais nécessaire pour nourrir les vivants restants.”
Jean-Loup de Saint-Phalle, professeur d’Histoire-Géographie en collège, est cofondateur du collectif Pour une Sécurité sociale de la mort et auteur de la conférence gesticulée Une danse macabre. Il co-publie avec son collègue Alban Beaudouin, Le Coût de la mort, La Sécurité sociale jusqu’au bout aux éditions du Détour, postfacé par le sociologue Bernard Friot, fondateur du Réseau Salariat.
Un constat : “Mourir en France coûte cher” ! Nous, citoyennes et citoyens français, sommes laissés seuls devant la Mort, et qui plus est aux seules mains du secteur privé ! Mais seuls aussi devant la douleur : “La mort échappe à la justice, frappant deux fois une mère enterrant son fils, au cœur puis au porte-monnaie.”
Les auteurs proposent, sur le modèle du régime général de la sécurité sociale mis en place en 1946, et les récentes avancées d’une sécurité sociale de l’alimentation, de sanctuariser la mort. Et de la financer par une nouvelle cotisation, l’Obole !
Cheminant à travers les mythes et les horizons lointains, ils convoquent pratiques et mémoire, démontrant que nos manières mortuaires contemporaines peuvent et doivent être humanisées.
Pour ce faire, cette sécurité sociale de la mort doit se saisir de l’ensemble des questions qui se posent aux endeuillé.e.s., mais aussi aux professionnels des pompes funèbres. Les réunir tous.tes en toute collégialité !
Terrain Social soutient la Déclaration des droits des mort.es, des endeuillé.es et des agent.es funéraires * !

Entretien par Hugues Chevarin
(* en annexe de l’ouvrage Le coût de la mort)